Hubert Yonnet était ganadero, et plus que ça. Il était l’esprit de ce que doit être un ganadero ; il en avait la foi, la croyance et l’amour de ses bêtes. Et ses bêtes il les aimait fortes, puissantes, sauvages, intactes. Le toro d’abord.
Pour avoir eu l’immense chance de le côtoyer, un peu, je crois pouvoir dire qu’au terme de ganadero on peut y accoler celui de romantique. Il aimait raconter qu’à l’obtention de son certificat d’étude c’est d’un vélo qu’il rêvait, et son père lui offrit sa première vache. C’était il y a très longtemps. Autres temps…
Depuis, Hubert a tenu, maintenu et créé son œuvre, dont les nombreux souvenirs perdureront — ‘Montenegro’, évidemment… De sa retraite, il aimait aussi raconter son voyage sur la planète des toros, avec lucidité, parfois tendre, parfois caustique.
Avec sa disparition, c’est plus qu’un vieux monsieur qui nous quitte ; ce sont l’idée et le rêve que nous nous faisons d’un éleveur de taureaux de combat. L’idée d’un campo comme l’avait merveilleusement raconté Alfonso Navalón dans son inoubliable Viaje a los toros del sol. Hubert Yonnet, éleveur de taureaux braves du soleil de Camargue, aurait eu mille fois sa place dans ce voyage navalonesque.
Ce soir, nombre d’aficionados auront un pincement au cœur, éprouveront un sentiment de tristesse à l’idée qu’ils ne croiseront plus désormais la silhouette d’une légende de la Camargue. Nous lui rendrons longuement hommage dans nos Analectes…